Les Z

1946
La D45 connaît un franc succès malgré une conception très avant guerre. Le petit 125 à soupapes latérales avoue les limites, imposées par son architecture, et la partie cycle reste archaïque. Le nouvel essor du pays permet à Motobécane d’envisager une succession plus aristocratique à la très populaire D45.

Eric Jaulmes et son équipe étudient alors un 125 culbuté, un bloc compact et propre, agrémenté de quelques subtilités innovantes qui placeront d’emblée ce moteur parmi les meilleurs de sa catégorie.

Assemblé dans une partie cycle dérivée de celle de la D45A, mais agrémentée d’une suspension arrière coulissante, ce moteur sera la pièce maîtresse de ce qui deviendra en 1947, la Z46C et le fondement d’une famille de machines populaires de qualité qui traversera presque deux décennies.

Nous n’entrerons pas ici dans le détail des nombreuses évolutions qui ont jalonné l’histoire des séries Z. Nous nous attacherons simplement à retracer les évolutions majeures de ces modèles. Cette liste n’est donc en aucun cas exhaustive.


1947
La 125 Z46c, équipée d’une fourche dite à parallélogramme, et d’une suspension arrière coulissante, est présentée dans une livrée rouge et gris.

1948
La déco « marron et beige » de la D45 est adoptée, le rouge et gris n’aura vécu, semble t-il, que sur les catalogues et les prototypes. A noter toutefois quelques rares modèles sortis en deux tons de vert et chrome.

1949
La version 175cc apparaît : c’est la Z2c. Ce modèle reçoit une fourche avant télescopique que l’on nommerait aujourd’hui « inversée », dont la Z46C bénéficiera également. L’architecture générale du moteur est identique.

1953
La 125 Z54c accompagne la Z46c sur le catalogue. Il s’agit en fait d’une version économique (moins de chrome).

1954
La Z22c apparait. C’est une évolution vers le haut de gamme de la Z2c. A cette occasion, le moteur reçoit une pompe à huile et un haut moteur plus volumineux et largement ailetté.

1955
Grand remue ménage, puisque les Z46c, Z2c et Z22c cèdent leurs places à la 125 Z56c et aux 175 Z23c, Z24c et Z26c.

La 125 Z56c inaugure la suspension arrière à bras oscillant et un nouveau silencieux profilé.

La 175 Z23c est un haut de gamme et reçoit également la nouvelle suspension arrière, le silencieux profilé, un cadre spécifique, et un nombre important de petites modifications d’équipements (selle biplace). Le moteur « gros cylindre » est celui du Z22c, mais la pompe à huile disparait progressivement.

La 175 Z24c, version économique, conserve la suspension arrière coulissante et la partie cycle jusqu’ici commune aux 125 et 175. On notera l’absence de batterie, commune par la suite, à tous les bas de gamme.

La 175 Z26c (moyenne gamme) recevra la nouvelle suspension arrière, une batterie, et la même finition que la 125 Z56c.

1956
Les nouvelles 125 Z57c et 175 Z27c, version économique, à l’image des Z54c et Z24c, complètent la gamme, quasiment sans modification.

1958
La 125 ZS apparaît. Le style est nouveau puisque le rouge tente d’afficher une tendance sportive, mais le moteur reste très calme, et les performances sont loin d’égaler les 2 temps italiens très en vogue. La finition sera « bas de gamme » ou « sportive » selon la volonté qu’on aura à considérer l’ascétisme comme une économie ou une philosophie (la vérité est probablement entre les deux).

Quelques mois plus tard apparaît la 175 ZS qui connaîtra une diffusion particulièrement confidentielle. Le moteur est celui de la Z22c très légèrement gonflé pour l’occasion.

1964
C’est, semble-t-il, cette année que la dernière « Z » sortira des chaînes de l’usine de Pantin.


En résumé :

Tous ces modèles ont été vendus indifféremment sous les marques Motobécane et Motoconfort. Dans ce dernier cas, l’appellation « Z » est à remplacer par « U ». Les machines sont en tous points identiques, excepté les décalcomanies et bouchons de réservoir (dans leur version plastique).

Notons que les séries « Z » n’ont que très rarement été engagées en compétition, à part quelques participations au Bol d’Or et ont obtenu un certain succès en trial, où la grande souplesse du moteur en fit une « compé client » de choix vers la fin des années cinquante.

La vraie nature des « Z » s’est exprimée, au fil du temps, par une aptitude à l’usage quotidien et une fiabilité hors du commun pour l’époque, ce qui en fit un utilitaire très recherché bien que relativement cher à l’achat. (Motobécane n’a jamais cédé au travers du sacrifice de la qualité pour réduire les coûts, même sur les bas de gamme, l’économie étant généralement réalisée sur l’équipement et les accessoires.)


Signe particulier :

Le moteur « Z » s’est toujours avéré très propre car sa conception assure une dépression permanente dans le bas moteur, ce qui évite toute fuite d’huile pendant le fonctionnement.

Points faibles :

Les bobines d’allumage haute tension internes sur certains modèles, (surtout après 40 ans de bons et loyaux services).

Le frein avant sur les modèles à flasque acier.

Les caoutchoucs amortisseurs de transmission sur tous les modèles.