La D45

D45, la reine des populaires

Par Patrick Barrabès

D45S

Si la production automobile française peut s’enorgueillir de posséder “la voiture du 20e siècle” avec la Citroën Traction avant, il en est de même pour notre production motocycliste nationale avec la sympathique D45.


Souvenirs d’une époque

Qui ne connaît pas la légendaire D45 ! Dans les albums de famille ou dans la mémoire de milliers de Français, la 125 Motobécane à soupapes latérales est bien souvent présente. Fidèle compagne du grand père Antoine ou de l’oncle Marcel, bête de somme du laitier qui, avec sa remorque “ Michelin ”, nous livrait des l’aube les précieuses bouteilles de verre, la D45 est indissociable du réseau routier national pendant près de deux décennies.

Pour beaucoup d’entre nous, sa selle a accueilli, pour son premier contact avec un deux roues, notre postérieur d’enfant. Elle est aussi la rutilante machine payée sous à sous avec les économies réalisées sur les premiers salaires, la compagne des premiers bals et des quelques jours de congés payés.

Plus tard, elle est aussi celle qui, délaissée dans un coin du garage après l’achat de la 4 CV ou de la Dauphine, nous à permis, encore adolescents, de découvrir l’ivresse des premiers coups de gaz. Quelle robustesse! brutalisées, dépouillées de leurs accessoires, les gardes boue sciés, gavées avec on ne sait quelle huile, ces sacrés petits mono ne voulaient jamais mourir et s’acharnaient à franchir vaillamment buttes et fossés. Combien ont péri ainsi, pilotés par un émule de René Combes ou de Joël Robert.


Restauration, rénovation

Aujourd’hui, les exemplaires survivants, encore très nombreux, ont gagné un respect bien mérité. Sauvés des mâchoires du concasseur, les D45 rescapés, une fois les stigmates de dures années de labeur effacés, font la joie d’amateurs, collectionneurs confirmés ou débutants, qui savent détenir une petite moto simple, fiable, répondant toujours présent et, ce qui ne gâche rien, d’un coût de restauration et d’utilisation raisonnable.

Transfuge de l’AB1 100 cc de 1939, bicyclette à moteur auxiliaire sortie au compte-gouttes juste avant le début des hostilités, la D45, devenue 125 grâce à une évolution de la réglementation, peut se vanter d’avoir remis la France sur roues. En effet, grâce à une conception particulièrement économique et fiable (moteur quatre temps à soupapes latérales) ce petit monocylindre aux techniques éprouvées depuis longtemps collait parfaitement à un marché où les matières premières étaient rares et contingentées à l’utilisation de tickets de rationnement.


Un peu de technique

La D45 apparue en 1945 sous la dénomination D45A, possédait une fourche à parallélogramme et un arrière rigide. Six à sept mois de délai étaient nécessaires pour en obtenir une.

D45A

Malgré une conjoncture commerciale on ne peut plus favorable , le bureau d’étude ne reste pas inactif et ajoute un indice d’évolution aux plans de la « A » qui devient « B » au seuil de 1948. Le vilebrequin est modifié, ainsi que le carter moteur, augmentant la capacité en huile de 0.75L à 1.25L. De vrai repose pieds sont également montés à la place des pédales réglementaires des BMA, et la fourche est renforcée.
Dès 1949, intervint une modernisation majeure avec l’adoption d’une suspension arrière coulissante. La D45 devient D45S (pour suspension). Les quatre centimètres de débattement sont certes bien faibles, mais ils permettent tout de même de filtrer correctement les tressautements dus au pavage des rues et d’améliorer la tenue de route. En 1951, une fourche télescopique vient encore améliorer le comportement. Ce sera pratiquement la dernière grosse évolution sur ce modèle qui poursuivra une carrière exemplaire jusqu’au seuil de 1961 en conservant sa double commande d’embrayage et ses trois vitesses à main.

D45S « Luxe »

Dernière évolution de la D45S, après 1956